Je suis en train de préparer mes fichiers que je vais tout bientôt envoyer à l’imprimeur. Je vous ai parlé il y a quelques temps du projet de livre jeunesse que nous avons mis en financement participatif sur Ulule.
Nous avons décidé de mettre quelques pages supplémentaires à la fin du livre avec les croquis, des dessins, quelques explications du déroulement de la fabrication du livre, et des petites notes sur l’auteur et l’illustratrice.
C’est comme ça que j’en suis venue à écrire : Comment je suis devenue illustratrice jeunesse.
Et je me suis dis que ça serait sympa de le partager sur le blog.
La petite histoire de ma vie… D’illustratrice
J’étais une enfant très solitaire et proche de la nature, je m’évadais dans un imaginaire qui était sans fin. Ce qui concernait le monde humain et l’école n’avait pas grand intérêt pour moi. Et je ne me sentais pas à la hauteur des attentes des adultes. L’école était compliquée pour moi, je n’arrivais pas à rester concentrée et l’on me disait sans arrêt que j’étais dans la lune.
J’étais une enfant assez triste qui trouvait du réconfort dans un monde que je me créais. Le dessin me permettait de rendre plus concret mon imaginaire débordant.
C’est seulement en entrant en école d’arts appliqués en seconde, que j’ai commencé à trouver ma place et à ne plus être en retrait des gens que je ne comprenais pas. L’avantage en art, était que chaque élève de la classe avait un petit « je ne sais quoi » qui les rendait à part. Et à ce moment là, nous n’étions plus moqués à cause de nos différences, elles étaient devenues des qualités. J’aimais toujours autant le dessin et ma vie sociale commençait à être existante. Par contre, au niveau des études, j’étais toujours à la traine. Je crois que j’ai passé toutes mes années d’étude à devoir beaucoup travailler pour passer les classes, j’ai toujours eu un mal fou à intégrer de nouvelles connaissances.
J’ai fini par obtenir un BTS communication visuelle grâce à un chemin détourné en passant par une mise à niveau. (merci à mes parents qui ont financé l’école privée car j’étais refusée dans toutes les classes publiques). Et ma vie n’avait plus aucun sens s’il n’y avait pas d’art dans mes études.
La mise à niveau a été la meilleure année que j’ai connu de ma vie en terme d’apprentissage. C’était du dessin à longueur de journée, cours de nu, dessin en extérieur, cours d’illustration, dessin hyper réaliste que l’on nommait « étude documentaire »… J’ai fait des pas de géant en matière de dessin cette année là. Je ne m’étais jamais autant amusée et sentie bien dans mes études.
Mais la réalité de la vie fini par nous rattraper, on sort des études et il faut trouver du travail. J’ai trouvé un poste de graphiste quelques mois plus tard en banlieue parisienne. 2h de train le matin, 2h le soir… Et un patron qui me faisait du harcèlement morale. J’ai mis fin à ma période d’essai et je suis retournée chez mes parents…. Retour à la case départ…
Je ne retrouvais pas de travail, il fallait savoir faire des sites internet. Je fini par arriver sur Limoges où j’attaque une licence webdesign. Je trouve un travail dans lequel je déchante très vite… Je retrouve le même genre de patron qui me harcèle, me parle mal, ne cesse de me rabaisser et qui y prend un malin plaisir… Là, je commence une dépression, je me dis que j’ai passé ma vie à me battre pour une illusion puisque je ne fais que souffrir. J’ai l’impression de lutter pour une passion qui ne veut pas de moi. Mais sans le dessin ma vie n’a plus aucun sens…
Moi, je venais d’une famille où le discourt était : » il faut avoir un salaire à la fin de chaque mois « . Mais celui qui allait devenir mon mari, ne voyait pas les choses ainsi. Lui sortait d’une famille d’entrepreneurs. Et me voyant sombrer, il a fini par me dire de tout quitter, de ne surtout pas retrouver de travail, mais de travailler non-stop sur des illustrations. Pour moi c’était de la folie. J’ai mis du temps à le vivre bien. Car il travaillait à son compte, nous devions sortir 800 € par mois. Mais, nous n’avions pas besoin de grand chose, et la vie était bien plus belle avec peu de choses mais une totale liberté, même s’il m’a fallu deux ans pour accepter cette liberté.
J’ai commencé par ouvrir un blog. Sur lequel je postais mes peintures et croquis. Et c’est comme ça, que j’ai été contactée par des auteures. Nous avons commencé des projets que nous envoyons en masse aux éditeurs. A l’époque ça m’a semblé long, mais en fait, j’ai trouvé un éditeur seulement un an après m’être mise à mon compte. Alors il ne fallait pas rêver non-plus, l’éditeur ne nous payait pas… Mais moi, ce que je voyais, c’est qu’une personne était prête à investir de l’argent pour que mes illustrations soient diffusées. Et en plus cela me permettait d’avoir un beau livre entre les mains pour aller me vendre auprès des éditeurs sur le salon de Montreuil.
Sur le salon de Montreuil, il fallait s’accrocher moralement. Il y avait une éditrice très sympa, qui chaque année me donnait des conseils, me disait ce que je devais faire évoluer et ce qu’il me restait à travailler. Mais j’en ai eu aussi qui ont été horribles. Il y en a une qui m’a dit que je ne savais pas dessiner et que je ferai mieux de retourner prendre des cours de dessin. Je devais ravaler mes larmes car j’avais un autre rdv juste après.
Mais ça valait le coup de ne pas lâcher, car au bout de 5 ans, j’ai décroché un contrat avec les éditions 2 coqs d’or Hachette ! J’ai cru que j’allais tomber à la renverse. J’étais dans les couloirs du Leclerc quand j’ai découvert le mail, je me suis mise à crier et à sauter de bonheur !
J’ai travaillé sur un projet dont je rêvais ! des robes de princesses autocollantes !!! moi qui enfant, passait mon temps avec les poupées à habiller en papier. Ça a été, THE étape dans ma carrière d’illustratrice ! le rêve et la reconnaissance ultime de l’époque !
Ensuite le deuxième rêve qui s’est réalisé, c’est quand les éditions Partners card m’a contacté pour créer un tourniquet entier avec juste MES illustrations ! ce jour là j’ai appelé toute ma famille pour leur annoncer et j’ai dansé de bonheur dans le salon.
Bien sûr, il y a des hauts et des bas, des avantages et des inconvénients à être à son compte. On peut rester plusieurs mois sans travail et d’un seul coup, être complètement débordé ! J’ai pleuré plusieurs fois en me demandant si j’arriverais à tout faire.
Il y a les remises en questions qui reviennent régulièrement. Mais très vite un projet vient balayer les doutes et hop on est relancé…
Bref l’histoire de la vie…
Et puis il y a eu ce fameux projet Ulule… D’un côté je me dis que c’est une folie, car ça y est le projet est validé, je vais donc me retrouver avec une montagne de cartons de livres dans une pièce de ma maison qu’il faudra que j’arrive à vendre. Mais quel bonheur de l’avoir fait. Déjà je gère tout de A à Z, encore une fois LIBERTÉ ! N’est-ce pas ce que l’on recherche tous… être libre ? Et le plus beau dans tout ça : chaque commentaire, l’enthousiasme des personnes à qui ça tenaient tellement à cœur que ce livre voit le jour ! Il n’y avait pas d’entremetteur, je recevais directement vos messages de joie et d’amour, Alors à ce moment-là, je revois mon parcours, je me revois étudiante à vendre mes toiles sur les marchés de nuit au bord de la mer. J’avais du mal à y croire quand une personne me prenait une toile qui lui demandait de sortir un billet de son porte monnaie… Je repense à toutes les fois où j’ai pleuré de rage en pensant que je n’y arriverais jamais…
Je vous remercie du fond de cœur, car c’est vous tous qui donnez un vrai sens à toute l’énergie que je met au profit de ma passion et à mes citations préférez… « qui ne tente rien n’a rien », « il faut toujours viser la lune car en cas d’échec on atterrit dans les étoiles »
N’oubliez pas que même si une personne vous dit un jour « tu n’y arriveras jamais » ne vous arrêtez pas… continuez. On souffre, on pleure mais on repart… Ne choisissez pas le chemin que les autres veulent vous voir prendre… Suivez la petite voix qui vous dit que là, vous êtes sur la bonne route.
Je vous embrasse du fond du cœur.
Ton billet sur ton parcours tombe pile poil dans une période de ma vie d’artiste et d’entrepreneur où j’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de tout arrêter. Comme tu l’écris on passe par des hauts et des bas, des doutes, des remises en questions jusqu’au jour où une bonne nouvelle tombe et nous relance, nous redonne confiance en nous!
Merci de partager ton vécu qui nous parle car on passe quasi tous par là et en te lisant on se sent finalement moins seule à se battre pour ses rêves.
Je pense souvent à toi, non seulement parce que je te suit depuis longtemps mais aussi parce qu’un de tes livres est devenue le livre du soir de ma fille de 4ans (celui avec les fées) elle le connait par coeur et l’adore et à chaque fois que je lui lis je me dis qu’un jour elle lira aussi le mien avec autant d’envie ;)
Bonne continuation et plein de succès pour ton livre à toi et rien qu’à toi! Bravo pour ton énergie et ta détermination <3
*suis
Bonjour,
j’admirais déjà beaucoup ce que vous faites, je l’apprécie encore plus maintenant que je connais votre parcours! Difficile certes mais pour un beau résultat!
Moi c’était mon rêve de gosse d’être illustratrice, mais comme j’étais bonne élève j’ai finalement choisi une voie beaucoup plus classique. Bravo d’avoir eu le courage de suivre vos rêves!
Bonne continuation pour la suite
Merci pour vos très beaux messages. Anne-Laure, si la voie que vous suivez vous rend heureuse, c’est l’essentiel ;) et ne lâchez pas les crayons ! qui sait ce que l’avenir nous réserve ;)