Une illustration à partir du superbe texte écrit par Pierre-Jean Baranger
« – Ouvre ta main !
La demande avait claqué comme un ordre et l’enfant leva vers son père un regard implorant.
– Ouvre ta main, te dis-je ! Que caches-tu ?
Le gamin, comme si sa volonté cédait devant l’adulte, déplia un doigt, puis l’autre, presque lentement. Il me sembla voir une fleur s’épanouir. Au milieu de sa paume, un tout petit caillou se dévoila. Il avait une forme particulière ; un minuscule cœur de pierre. Son père s’agenouilla devant lui, plongea son regard dans les yeux de son fils. Presque à voix basse, contrastant avec le ton utilisé jusqu’à maintenant, il lui demanda :
– De quoi avais-tu peur ? Qu’il s’envole ?
L’enfant opina du chef, au bord des larmes.
– Ce n’est pas ça… L’autre jour, tu as dis que ton ami avait un cœur de pierre. En marchant, je l’ai retrouvé par terre. Je voudrais le lui rendre.
– Mais ce n’était qu’une expression, ne t’inquiète pas !
Le gosse secoua gravement la tête.
– Si, je m’inquiète. Le cœur de pierre, il ne bat plus pour personne ! Je le sais, j’ai écouté. Mais peut-être qu’en le gardant dans ma main, il rebattra un jour… «